
Comme nombre d’artistes musiciens congolais, Jean Goubald Kalala a décidé de s’engager en politique. Invité de l’émission « Parole aux auditeurs » diffusée sur les ondes de la radio Okapi le vendredi 3 août 2018, l’artiste a fait part de la vision qu’il a de la politique. « Il est question de construire un homme intégral, c’est-à-dire corps, âme et esprit. C’est celle-là ma vision. Nous devons changer l’homme congolais. On a besoin d’un homme total. Je crois que le combat d’un homme politique ne devrait être que ça », a-t-il déclaré pour justifier son engagement en politique.
Parlant de la situation socio-économique des Congolais, Jean Goubald veut voir les richesses du pays profiter à tout le monde. « On ne peut pas être dans le pays le plus riche du monde et être le peuple le plus pauvre du monde. Je crois que nous sommes parmi les plus pauvres parce que nous sommes pauvres au niveau de l’intelligence. J’ai l’impression que le Congolais est un éternel enfant qui n’attend qu’on lui donne quelque chose », s’indigne celui qui se présente comme un musicien de la cité et qui connait les problèmes de la cité.
Pour Jean Goubald, la République démocratique du Congo a besoin des hommes politiques qui portent une nouvelle vision de l’homme. Il dit halte à l’éthique du vendre et de la hanche. « Le Congo est un pays mystique duquel doit partir une autre vision de l’homme. Il faut des gens qui portent cette vision. Il faut des gens qui portent l’image d’un Congo nouveau et non des gens qui vont en politique rien que pour satisfaire l’estomac. On se dit finalement allons-y, essayons de porter notre contribution ».
L’artiste estime que l’homme politique actuel a failli. Pour lui, la source de cet échec est l’absence de l’éthique. « Quelle est la place de l’éthique dans l’homme politique aujourd’hui. On sent que l’homme politique a l’injure facile. J’ai l’impression qu’il n’y a pas trop de différence entre le politique d’aujourd’hui et le musicien qui insulte facilement, le musicien qui a besoin de porno pour vendre », pense celui qui dit être prêt à quitter la politique s’il constate qu’il n’est pas à sa place. « Personnellement, si je trouve que ce n’est pas ma place, je vais me retirer facilement ». Pour Jean Goubald, la politique doit rimer avec responsabilité et humanisme. « La responsabilité de l’homme politique, c’est comme la responsabilité d’un parent. Quel est ce parent qui croiserait les bras alors que ses enfants sont en train de mourir de faim ? », Interpelle-t-il.
Depuis que des artistes musiciens se sont déclarés candidats aux législatives provinciales ou nationales, les commentaires vont dans tous les sens. Si certains déniant aux musiciens les compétences à faire à la politique, d’autres estiment qu’ils sont motivés par la recherche de l’argent. « Quand les choses sont bien gérées, un musicien n’a rien à envier à un politique. On y va pour porter notre mot pour dire "essayons de faire les choses autrement" », répond Jean Goubald, avant d’insister qu’il ne faut pas mettre tous les musiciens dans un même sac.
Pour réussir en politique, Jean Goubald met en avant sa formation en philosophie ainsi que son engagement pour une citoyenneté responsable. « Je viens d’avoir ma licence de philosophie. La majorité de mes professeurs sont moins âgés que moi. Ce n’est pas la star Jean Goubald qui était aux études. J’étais étudiant comme tout le monde alors que mes collègues ont l’âge de mes enfants. Je suis allé me faire coacher et je continuerai à le faire (…). Si je m’engage en politique et que je me retrouve en train de mettre l’argent de l’Etat dans ma poche, mes propres chansons m’interpelleront. Par exemple dans Zorro, j’ai dit "Mbongo ya l’Etat, ya libenga nayo te" », conclut celui qui ne cesse d’insister sur la revalorisation de l’instruction de base.