
En suivant les chroniques musicales sur les médias congolais, ces questions reviennent souvent : "Pourquoi la musique congolaise ne perce-t-elle plus sur le plan international? Pourquoi est-elle devenue une musique de seconde zone ?" Et les musiciens se débrouillent tant bien que mal pour donner des réponses qui, pour tout dire, ne tiennent pas la route. Sur les réseaux sociaux, les discussions à ce sujet occupent les internautes des heures durant.
Il y a lieu de mentionner que la musique congolaise se porte plutôt très bien et qu’elle a toujours sa place de choix au sein de la famille musicale de l’Afrique subsaharienne.
Les Congolais ont imprimé une marque, qui ne peut être jetée aux oubliettes aussi facilement. Dans les débats sur les réseaux sociaux concernant les pays dont les musiques se vendent bien, deux nations sont souvent placées en tête : la Côte-d’Ivoire et le Nigeria. Mais à bien écouter ces musiques, on se rend compte qu'elles sont un copier-coller de la musique congolaise.
Selon plusieurs musicologues, le coupé-décalé ne serait inspiré que de la musique congolaise, le rythme de la batterie qui y est joué vient de celle de Mary Joe du groupe Zaïko Langa Langa. Ce rythme n’est qu’une variante de la musique congolaise ; à la limite, les Congolais doivent réclamer la paternité de cette musique. Les sons produits par Dadju, Youssoupha et autres européens d’origine congolaise font danser des milliers d’européens et cela doit rendre les congolais fiers. Non et non, la musique congolaise n’a rien perdu de sa notoriété.
La "world music" est par ailleurs un concept qui hante inutilement une grande partie des musiciens congolais. Papa Wemba s’y est essayé et très vite, il s’est ravisé et est vite retourné à la rumba congolaise.
Aujourd’hui encore, Fally Ipupa s’y met et en réalisant l’album « Tokooos » qui connaitra la participation de plusieurs musiciens européens et un grand nom de la musique américaine « Robert Kelly » en 2017. Comme son ainé Wemba, il sortira juste après un album totalement rumba « Control » en 2018. Ceci explique que la musique congolaise se vend toujours très bien et fait le bonheur des nombreux fans à travers le continent.
Les groupes Zaïko Langa Langa, VivaLa Musica, Swede Swede, Wenge Musica, Stukas, Ok Jazz, Quartier Latin, Afrisa International… ont chacun imprimé une façon de faire de la musique et le résultat tout le monde le sait. Tshala Muana la « Mamu Nationale » a opté pour le « Mutuashi ». Des décennies après la mise en valeur de ce style, les fans en raffolent à chaque sortie d’album. Non, la musique congolaise n’est pas de seconde zone et n’a rien perdu de ses belles couleurs.
Les groupes congolais ne se produisent plus en Europe, et sont obligés d’enregistrer au pays dans des studios disposant des technologies qui ne sont pas toujours de la dernière technologie. Le contact avec les grandes maisons de productions ne se font plus régulièrement comme avant. Ce qui pose un sérieux problème de la promotion de cette musique dans le monde. Malgré tous ces problèmes, elle tient tête. Il suffit qu’un album d’un musicien congolais sorte sur le marché du disque pour que les ivoiriens et autres reprennent des morceaux de ses chansons. La musique congolaise n’a rien perdu de sa noblesse, l’embargo infligé aux musiciens congolais par sa diaspora a plutôt donné un coup à sa promotion.