Gisèle et Patou Tabu parlent de Tabu Ley, 4 ans après sa mort

Tabu Ley
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Décédé, il y a quatre ans, le Seigneur Tabu Ley Rochereau restera dans l’histoire de la musique congolaise comme l’un des géants qui a façonné la rumba telle qu’elle se pratique aujourd’hui. Peintre de la société par la chanson, cet auteur-compositeur talentueux reste inégalable. La légende lui attribue d’ailleurs la composition de plus de deux mille chansons. A l’occasion du 4ème anniversaire de sa mort, musique.cd a abordé deux enfants de l’illustre disparu. Dans l’entretien qu’ils nous ont accordé, Gisèle et Patou Tabu parlent de leur père. Et de son héritage artistique.

 

Le 30 novembre 2013, il y a 4 ans, mourait Pascal Tabu Ley, le grand artiste qui fut également votre père. Quel est le plus grand souvenir que vous gardez de lui?

Gisèle Tabu : Tabu Ley était un père très affectueux. Toujours présent pour ses enfants. Quel que soit le problème que nous pouvions avoir, il avait toujours les mots pour rassurer et réconforter. Mes enfants l’appelaient «Gros Papy» et tous ses petits-fils l’entouraient d’attentions. Aujourd’hui encore, je suis très fière de lui. Côté artistique, il a légué au Congo sa voix inégalable et sa musique, avec tout son répertoire fantastique et bien garni constitué de chefs-d’œuvre. Son art a traversé les époques. En fait, Tabu Ley est un génie immortel. Et plus encore pour nous, un papa qui savait toujours faire le bonheur de ses enfants.

Pourtant une certaine opinion pense qu’autant Rochereau a réussi son art, autant il n’a pas pu structurer sa famille, mettre ensemble ses nombreux enfants…

GT: Si, il l’a fait. Il a réuni tous ses enfants. Nous nous connaissons tous. Et ça c’est grâce à lui. Il a justement réussi à nous réunir de son vivant. Sauf que chaque enfant a sa personnalité et nous ne vivons pas tous au Congo. Parfois la distance géographique tend à affaiblir les liens. Moi, personnellement, je peux témoigner connaître tous mes frères et sœurs. Du plus grand au plus petit.

Votre père reste le plus fécond compositeur de la musique congolaise. Qui perçoit aujourd’hui ses droits d’auteur ?

Patou Tabu : Sur ce point-là, la famille est organisée. Nous avons délégué l’un d’entre nous s’occuper des questions des droits d’auteur et il nous fait un rapport à l’assemblée générale des enfants. Vous le savez bien que nous constituons une succession. Et nous avons un sens du respect des procédures. A ce stade, il est encore trop pour vous dire dans les détails où on en est avec ces démarches. Le moment venu, vous serez informés.

La chancellerie des ordres nationaux a décerné à feu votre père la médaille d'or de mérite civique et la médaille d'or de mérite des arts, sciences et lettres. En êtes-vous fiers ?

PT :Oui bien sûr. Ces décorations sont prestigieuses. Mais à moins que l’on ne soit vivant pour bénéficier des certains privilèges, nul autre ne peut en jouir si ce n’est la personne qui est honorée elle-même.

Que prévoit la famille pour marquer le 4ème anniversaire de la disparition de TabuLey?

PT : Il n’y aura pas de manifestation grandiose. Nous allons tout de même déposer une couronne de fleurs sur son mausolée qui, d’ailleurs, était en réfection après le terrible accident de la nature qui l’avait abîmé. Les travaux ont pris fin la semaine dernière, au cimetière de Nécropole « entre Terre et Ciel » de la N’sele. Ce sera aussi pour ses enfants l’occasion de lancer la réflexion sur les préparatifs du 5ème anniversaire de sa mort.

Vos frères, Youssoupha et Peguy Tabu sont sur les traces de votre père. Quel regard portez-vous sur leurs carrières musicales?

PT : Nous sommes émus de voir ce qu’ils font aujourd’hui, ils sont talentueux et font la fierté de la famille dans ce domaine. Ce n’est pas facile d’être artiste musicien et ils le savent. Seul le travail peut les propulser encore loin, aussi loin que papa… mais notre papa n’était pas que musicien. Il était aussi un acteur politique. Il a exercé les fonctions de vice-gouverneur de Kinshasa. Sur ce terrain-là aussi, certains parmi ses enfants affûtent leurs armes en toute discrétion. Le moment venu, ils se révéleront au grand public.